Objet: [survie69] communiqué et réunion
Date: Wed, 03 Sep 2003 23:55:52 +0200
De: Mathias <mathias.damour (a)laposte.net>
A: survie69@yahoogroupes.fr
Bonjour à tout les inscrits de cette liste.
Je vous transmets dans ce premier message le dernier communiqué
de presse de Survie, au sujet de la Côte d'Ivoire, et la date de
la prochaine réunion de Survie-Rhône.
Celle-ci a lieu ce vendredi 5 septembre à 20 heures à l'espace
Saint-Georges (deuxième cour intérieure) - 44 rue Saint-Georges
69005 Lyon - Métro Vieux Lyon.
Vous y êtes les bienvenus si vous souhaitez participer aux actions
de l'association, adhérer ou renouveler votre adhésion.
Ci-dessous le communiqué et le lien vers ce texte sur le site
de Survie France.
A bientôt,
Mathias
*****************************************
Communiqué de presse
*** LÉlysée mise-t-il sur la guerre en Côte
dIvoire ? ****
Publié le mercredi 3 septembre, 2003
http://survie-france.org/article.php3?id_article=307
Un grand nombre dassociations françaises de solidarité
internationale et
de droits de lHomme ont approuvé lesprit des accords
de Marcoussis,
conclus à linitiative de la France, comme une démarche
politique
susceptible de ramener la Côte dIvoire vers la paix et le
respect de
légale dignité de tous ses habitants. Les Nations
unies et les instances
africaines ont de même cautionné ces accords. Nous avons
salué le rôle
dinterposition des troupes françaises dans la mesure où
il contribuait à
éteindre la guerre civile, à empêcher un embrasement
régional et à
convaincre les belligérants dentrer dans une démarche
politique de
reconstruction du pays, conformément à ces accords.
Alors que le Secrétaire général des Nations unies
Kofi Annan manifestait
récemment son inquiétude quant au possible échec
du processus de paix, les
récentes initiatives de lÉlysée dans la crise
ivoirienne nous font
craindre un retour au pire. Larrestation à Paris du leader
charismatique
des forces rebelles, le lieutenant Coulibaly (alias IB ),
accusé de
recruter des mercenaires, risque fort par son aspect spectaculaire
et le
choix de la capitale française dêtre un très
mauvais coup porté à la
paix.
Il ne sagit évidemment pas dabsoudre lun des
personnages-clefs dun
conflit qui na déjà fait que trop souffrir les Ivoiriens
et les
ressortissants des pays voisins, mais de se placer dans la logique de
paix
affichée par lintervention française, acceptée
comme un moindre mal par
les instances africaines et internationales. Cette logique de paix requiert
une certaine clarté dans les méthodes et un minimum de déontologie.
Le chef
charismatique de la rébellion voulait semble-t-il aller à
Bruxelles, on lui
a donné un visa pour Paris, où il a été aussitôt
dénoncé par des
complices appartenant au microcosme mercenaro-barbouzard.
Pour ses
partisans, cest-à-dire lun des deux camps concernés
par le processus de
réconciliation, cela ne peut apparaître que comme un piège.
Si IB
compromettait gravement les accords de paix, il y avait toutes sortes
de
moyens plus politiques et intelligibles de dénoncer son rôle.
Si même il
avait recruté une dizaine de mercenaires, son camp a beau jeu de
rappeler
que le camp adverse en a impunément recruté dix fois plus.
Loption choisie
par Paris, servie par un juge antiterroriste Bruguière très
sensible à la
raison dÉtat, et dont les incarcérations opportunistes
sont régulièrement
tancées par ses pairs, na pas un nombre infini dexplications.
Et
malheureusement les plus indulgentes ne sont pas les plus probables:
Paris amputerait lun des deux camps dun élément
jugé trop radical ou
incontrôlable. Non seulement cela outrepasse le rôle dun
arbitre, mais il
fallait sattendre à ce quau contraire une grande partie
des rebelles se
solidarise davantage avec celui qui leur apparaît comme la victime
dun
traquenard (les mercenaires se vendent, leurs témoignages aussi)
;
Au président Laurent Gbagbo qui na jamais caché
son hostilité aux
accords de Marcoussis et sest considérablement surarmé
sans crainte de
ruiner le budget de son pays, Paris fait un très gros cadeau en
échange
dun accès de meilleure volonté. On a rarement vu ce
genre de bénédiction
faire changer davis le contrevenant ainsi récompensé.
Bien au contraire,
les durs du régime ivoirien se sentent confortés. Les arrestations
ont
repris par dizaines à Abidjan, à linstigation des
éléments des forces
loyalistes et sous la caution explicite du camp présidentiel.
Certains faits récents et de nombreux indices font redouter
une
explication beaucoup plus inquiétante. Chaque semaine montre les
signes
dun vif conflit de pouvoir au sein du parti présidentiel
français lUMP,
qui se pense pour longtemps hégémonique. Ce conflit rejoint
un clivage dans
les réseaux françafricains : le camp des tout sauf
Sarkozy serait en
train de fusionner avec celui des tout sauf Ouattara
cet ancien
Premier ministre ivoirien, ami de Nicolas Sarkozy, présenté
comme le
candidat naturel du Nord et le principal bénéficiaire
de la
rébellion. Lanticipation dun échec des
accords de Marcoussis amènerait
chacun à choisir son camp.
LÉlysée, on le sait, tend plus souvent à se
comporter comme lun des clans
de la Françafrique que comme la Présidence de la République
française.
Suivi par le Quai dOrsay, il renoue ostensiblement avec Laurent
Gbagbo.
Jacques Chirac a-t-il décidé de faire pencher la balance
en faveur de ce
dernier, considéré comme le vainqueur probable dune
nouvelle épreuve de
force, et doté de surcroît dun nouveau poids géopolitique
(Abidjan a pris
pied au Liberia voisin grâce à la rébellion MODEL
qu'il a suscitée) ? En
face, les forces rebelles qui occupent le Nord ivoirien avaient trois
alliés principaux : le Libérien Taylor, écarté,
le Burkinabè Compaoré,
affaibli par la chute de son allié Taylor, et... les officines
liées aux
Services français qui, de laveu même de ces rebelles
ivoiriens, veillaient
à leur approvisionnement en armes lorsquil s'agissait de
moduler
léquilibre des forces en présence.
On le voit, la France est aussi comptable des dégâts causés
par une
politique africaine cynique, récente ou plus ancienne. Ces dégâts
sont tels
quon assiste aujourdhui à des convulsions où
dominent souvent les peurs
irrationnelles, voire labsurdité. Si par exemple un Sankara
avait vécu, on
n'en serait sans doute pas venu à ces enjeux ethniques entre le
Sahel et la
côte, plaies soigneusement excitées et entretenues pour pousser
tel ou tel
pion, mais qui laissent de si funestes conséquences dans les esprits.
La situation dangereuse ainsi laissée en héritage exige
que la France, qui
sest posée et a été agréée en
arbitre, renonce en loccurrence à la
tradition des coups tordus et autres politiques du pire. Parier sur léchec
des accords de Marcoussis a tout de la prophétie autoréalisatrice
. Nous
refusons que nos dirigeants se livrent une fois de plus, en notre nom,
à un
calcul realpoliticien aux conséquences humaines incalculables.
La France a
reçu mandat, par les Nations unies, de tout faire pour favoriser
lesprit
des accords de Marcoussis. Nous attendons des signes concrets montrant
quelle sen tient bien à ce mandat.
SURVIE « Donner valeur de loi au devoir de sauver les vivants »
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