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Bolloré : monopoles services compris.

Tentacules africains


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La constitution de l'empire Bolloré

La stratégie africaine de Vincent Bolloré et de son groupe [1] est simple : elle consiste à contrôler toute la chaîne de transport,
plus quelques filières de production hautement rentables. La vague de privatisations, imposées par les institutions
financières internationales, lui permet de racheter le maximum d’infrastructures de transport et d’élargir
sa gamme de produits tropicaux (cacao, coton, café, caoutchouc, huile de palme…).
La gestion des réseaux ferrés s’est ajoutée à celle des ports et lignes maritimes pour maîtriser le coût du transport de marchandises.

Compte tenu du fonctionnement économique et politique de nombreux pays d’Afrique francophone,
si l’on se donne la peine d’aller y commercer et investir, c’est qu’on y escompte plus de passe-droits et de profits qu’en France.

Le groupe Bolloré et ses liens politico-financiers

Vincent Bolloré récupère l’entreprise familiale de papier à cigarettes et décide d’en faire une entreprise d’envergure internationale.
Il se diversifie et rachète un certain nombre d’entreprises et de groupes.
Il est aidé en cela par son ami Antoine Bernheim, l’un des grands financiers français.
Sa méthode consiste à s’introduire dans un groupe et à viser le pourcentage de participation qui permet d’en verrouiller le capital.
Il a ainsi commencé par acquérir 11,5 % des actions de la holding Rue Impériale de Lyon, qui contrôle les trois banques Lazard de Paris,
Londres et New York, jusqu’à en posséder 30 % en juillet 2000.

Parmi ses partenaires ou amis, on trouve entre autres Claude Bébéar, patron de l’assurance AXA,
président du club « Entreprise et cité », et François David, président de la Coface qui instruit les garanties d’investissement public.

Les acquisitions majeures du groupe Bolloré, celles qui lui ont permis de constituer un groupe puissant, sont :
le contrôle du groupe SDV (Scac Delmas Vieljeux) grâce au rachat des 17
 % que possédait AXA ;
la reprise en 1996 du groupe Saga de son ami Pierre Aïm, alors n° 2 de la manutention portuaire en Afrique ;
le contrôle du groupe Rivaud, une nébuleuse qui

comprend la célèbre « banque du RPR » [2] et un gros porte-feuille de plantations tropicales ;
le rachat à l’ex-monopole français du tabac (la Seita) d’une participation faisant de Bolloré le numéro un de la cigarette
en de nombreux pays d’Afrique.

Question politique, Vincent Bolloré a des affinités libérales [3] : François Léotard, Gérard Longuet (son beau-frère), Alain Madelin. Mais il a aussi recruté le gaulliste Michel Roussin en 1999.

Bolloré en Afrique

C’est un groupe résolument tourné vers l’Afrique. Comme le dit son président,
« ce qui fait la spécificité de notre groupe, c’est son implantation en Afrique »
 [4].
Il y compte pas moins de 70 sociétés, implantées dans 35 pays (21 francophones et 14 anglophones).
Il emploie 15 000 personnes (parmi lesquelles 250 expatriés) dans le transport et la logistique, et 3 000 dans la branche tabac (en 1997).

Dans les principaux pays où Bolloré est présent, on retrouve le même schéma d’implantation :
des usines de cigarettes et parfois la culture du tabac, comme en Côte d’Ivoire, le contrôle des transports
(le chemin de fer, la manutention portuaire, les activités de transit et les navires), les plantations
(hévéa, caoutchouc, huile de palme, banane, coton et cacao) ; à quoi s’ajoute l’exploitation forestière en Afrique centrale.

Ce schéma est fortement présent dans les pays suivants : la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Burkina Faso,
le Cameroun, le Mali, le Togo, le Bénin, le Congo-Brazzaville, le Nigéria, l’Afrique du Sud, l’Angola.
Par ailleurs, le groupe Bolloré s’étend de plus en plus vers l’Afrique de l’Est avec le Kenya,
Madagascar et l’île de la Réunion, où il assure la moitié du trafic maritime.


Bolloré mène l'Afrique en bateau

Une stratégie de monopole

En étendant sa présence dans différents secteurs du transport et de la production (avec les cultures de rente et le tabac),
le groupe Bolloré se retrouve dans certains pays en position de quasi monopole voire de monopole.
Situation qu’aucun pays occidental (la France, les États membres de l’Union européenne ou les États-Unis)
n’accepterait sur son propre territoire.

Le cas du transport est un exemple particulièrement flagrant.

Adossé au réseau international maritime et terrestre de la SDV dont il est propriétaire depuis 1996, et de la société OTAL,
le groupe Bolloré possède le plus important réseau de transit et de logistique maritime et terrestre du continent.
Trois sous-secteurs sont concernés :

      * le transit par l’intermédiaire de la Scac (SDV), premier transitaire maritime et aérien français, qui a une implantation mondiale,

* le transport maritime grâce à Delmas-Vieljeux, premier armateur privé français ; leader mondial sur l’axe Nord-Sud,
il exploite plus de 50 navires sous pavillons de complaisance, immatriculés aux Bahamas ou aux Kerguelen.
Ils sont affrétés par la société SDV de Bolloré qui emploie essentiellement des marins, sous-payés, des pays du Sud,

      * la division terrestre internationale (DIT) qui, sous l’impul-sion d’Etienne Giros, directeur général chargé des finances,
coordonne pour SDV toutes les implantations terrestres (nombreuses et variées) du groupe Bolloré en Afrique.
Elles touchent essentiellement à des activités complémentaires du transport maritime,
permettant d’offrir aux clients du groupe ce que Vincent Bolloré appelle « un service de transport intégré,
de bout en bout, de la sortie de l’usine jusqu’à la porte de l’utilisateur final ».

Dans le transport maritime Europe-Afrique, Bolloré est en position de quasi monopole.
Le seul concurrent sérieux dans ce secteur, le danois Maersk Lines, travaille surtout en Afrique australe.

Pour être totalement maître de la chaîne de transport, Bolloré étend sa présence sur deux autres fronts : le chemin de fer et les ports.
En Côte d’Ivoire, Bolloré est en position de monopole grâce à la société Sitarail. Fin 1998, il remporte l’exploitation du chemin de fer
camerounais, la Regifercam, indispensable pour conforter les contrats emportés par le groupe dans le transport et la logistique
des installations pétrolières au Tchad
[5].

A l’été 1998, Pierre Aïm crée la société Rail Afrique Interna-tional avec comme associés Bolloré (à hauteur de 25 %)
et Elie Khalil (porteur de 75 % du capital). Le but est de se positionner pour la reprise du CFCO (Chemin de Fer Congo Océan).
Le 15 juin 1998, un accord de gré à gré est passé pour deux ans entre RAIL et le CFCO. Selon les termes de cet accord,
RAIL met à la disposition du CFCO une enveloppe de 4 milliards de FCFA pour les travaux de la voie ferrée,
l’achat de pièces détachées, la réhabilitation des locomotives et un programme d’assistance technique.
Si cet accord ne remet pas en cause la privatisation (mise en concession) du CFCO par appel d’offres international,
sous contrôle de la Banque mondiale, il représentait une sérieuse option sur l’avenir de la chaîne de transport congolais.

À terme, la stratégie de Bolloré est d’intégrer davantage son activité en contrôlant en plus des bateaux, du transport et du stockage,
les activités portuaires
.
Pour cela il cherche à se retrouver en pole position dans les ports de Pointe-Noire (seul port en eau profonde de la région),
d’Owendo-Libreville, de Port Gentil, de Douala (où il assure les travaux de dragage du chenal d’accès au port
 [6]), en remontant jusqu’au port de Dakar.
Sans oublier au Cameroun le port de Campo attaché à sa société HFC/Forestière de Campo, et le stockage via
la Société d’Exploitation des Parcs à Bois du Cameroun (SEPBC).
En 1997, Bolloré a pris une participation minoritaire au sein de la Société de dragage des Côtes d’Afrique (SDCA),
qu’il a entièrement acquise depuis.

Enfin n’oublions pas le « coup magistral » qui a permis au groupe Bolloré de verrouiller une bonne partie du réseau
de chemin de fer d’Afrique australe : le rachat en juillet 1999 à la CMB (Compagnie maritime belge)
de son réseau de transport terrestre (chemins de fer et routes) en Angola, Mozambique, Zambie, Malawi, Botswana, Afrique du Sud.

L’IMPLANTATION DU GROUPE  BOLLORE

     

Activités Industrielles

(cigarettes et contrôle d’accès, films plastiques)

Transport

(terrestre, ferré et maritime ; logistique)

Plantations

(hévéa, caoutchouc, cacao, huile de palme, coton, banane)

Bénin

Burkina Faso

Congo-Brazzaville

Côte d’Ivoire

Gabon

Guinée-Conakry

Madagascar

Centrafrique

Sénégal

Tchad

Afrique du sud

Algérie

Bénin

Burkina Faso

Cameroun

Congo-Brazzaville

Congo-Kinshasa

Côte d’Ivoire

Djibouti

Egypte

Gabon

Gambie

Ghana

Guinée-Bissau

Kenya

Libéria

Libye

Madagascar

Mali

Maroc

Mauritanie

Mozambique

Namibie

Niger

Nigeria

Ouganda

Centrafrique

Sénégal

Sierra Leone

Soudan

Tanzanie

Tchad

Togo

Tunisie

Zimbabwe

Burkina Faso

Cameroun

Côte d’Ivoire

Gabon

Kenya

Libéria

Nigeria

Source : http://www.bollore.com


Bolloré et les dictatures d’Afrique

Le cas du Congo-Brazzaville

Le Congo-Brazzaville est le théâtre d’une guerre civile marquée en octobre 1997 par la victoire et le retour du général
Denis Sassou Nguesso (Sassou II [7]). Malgré le rejet des électeurs congolais, Sassou se retrouve à nouveau au pouvoir
grâce à une alliance de soldats et miliciens recrutés sur critère ethnique, de forces étrangères
(Angolais, Tchadiens, la garde présidentielle zaïroise et l’ex-armée rwandaise), et de mercenaires, notamment français [8]. Quant aux relations économiques, au moment où son isolement aurait dû rester total,
Sassou les trouvera essentiellement, en dehors de la société Elf, auprès de Pierre Aïm et de Michel Roussin,
respectivement « poisson pilote » et « Monsieur Afrique » du groupe Bolloré.

Sassou laisse s’instaurer la terreur, perpétrée par ses miliciens, auprès des populations originaires du sud du pays.
Tout au long de l’année 1998 se multiplient les exactions : des villes et des villages sont bombardés,
des habitations incendiées, des civils tués. Une partie de la population doit s’enfuir dans les forêts et les grottes avoisinantes.
L’année 1999 verra jusqu’à 500 000 [9] civils fugitifs ; une part non négligeable est morte de faim et de maladie dans la forêt.
Le pouvoir congolais, avec l’aide de ses alliés, se lance dans une « reconquête » féroce du sud de la capitale et du pays.
On assiste à un déchaînement de violences à l’encontre des populations.
D’après une mission de l’ONU, en avril 1999, les villes de Nkayi et Dolisie ont été les cibles d’un nettoyage ethnique.
Massacres et mise en fuite des habitants ont eu pour résultat de faire passer la population de 120 000 à 3 500 personnes.
Entre décembre 1998 et décembre 1999, il y a eu probablement plus de morts au Congo-Brazzaville que dans les conflits du Kosovo,
du Timor oriental et de Tchétchénie réunis [10].

Bolloré n’a pas seulement été le partenaire commercial de Sassou, il a profité de l’isolement international
d’un régime criminel pour accroître des positions rentières au cœur de l’économie congolaise.

Rachat du groupe Delmas Vieljeux en 1996

Cette attitude néfaste du groupe Bolloré et de son représentant local à Brazzaville, Pierre Aïm,
a conforté le dictateur Sassou dans la guerre ethnique entreprise contre la majorité de la population du pays.

Avec le rachat du groupe de transport Saga de Pierre Aïm, Bolloré s’est ouvert un portefeuille de contacts
avec les dictateurs africains les moins fréquentables dont le Congolais Sassou Nguesso et le Tchadien Idriss Déby.
Il renforce aussi ses liens avec le monde des services secrets. Il recourt aux compétences de Jean Heinrich
(ex-patron fort courtisé de la Direction générale des renseignements militaires), et s’associe très étroitement à Michel Roussin,
haut retraité de la DGSE et ancien ministre français de la Coopération.

Pierre Aïm, « éclaireur » de Bolloré [11], est en affaires à haut niveau avec une bonne partie de la coalition pro-Sassou.
Il n’ignore pas la voie des armes : sa société Saga était accréditée Défense. Elle participait au transport du matériel militaire
vers les bases françaises en Afrique.

Cet investissement forcené au Congo-Brazzaville est lié au sort des armes. Dès lors, on ne peut passer sous silence l’assertion de
La Lettre du Continent
  (15/07/1999) selon laquelle « Le projet ADES (aide et sécurité) intéresserait le groupe Bolloré
pour la sécurisation du CFCO (Chemin de fer Congo-Océan) ».

Bolloré, Aïm et le clan Nguesso multiplient les montages financiers dans les domaines de la logistique et du transport.
Le soutien au régime Sassou II se traduit par le développement d’entreprises où l’on place des membres de la famille du dictateur.

Fin 1998, à l’initiative de Pierre Aïm, une société de droit luxembourgeois est remise en activité :
la Société Congolaise de Transport Maritime (SCTM). Par les arrêtés n° 98-11 et 98-12,
l’État congolais s’est arrangé pour concéder à cette société privée dirigée par le neveu de Sassou,
Willy Nguesso, 40 % des droits du trafic maritime. Ce qui peut représenter jusqu’à 100 000 $ par jour vu
le fort tonnage d’enlèvements pétroliers, et permet ainsi de donner le maximum de garanties aux préfinancements
nécessaires pour l’achat de matériels destinés à la poursuite de la guerre.

Enfin le même type de manœuvres est réalisé avec la société RAIL dont Pierre Aïm est président, et par laquelle Bolloré
a acquis le quasi-monopole de l’infrastructure congolaise en matière de transport et de stockage, de Pointe-Noire à Brazzaville.

 

GROUPE BOLLORÉ

(président : Vincent Bolloré)

 
Liens financiers
 
Liens politiques
Rachat du groupe SCAC
   
Rachat du groupe Rivaud en 1996
30 % (en juillet 2000) de la holding Rue Impériale de Lyon
6 % du capital de Pierre et Vacances en juillet 2000
 
Rachat de la Saga de Pierre Aïm, qui renforce le contact avec les régimes marocain, ivoirien, tchadien, congolais, …
5 % du capital de la Seita en juillet 2000
J.Y Ollivier, homme d’affaires, proche de M. Roussin et conseiller de D. Sassou Nguesso
Michel Roussin, ancien ministre français de la Coopération, retraité de la DGSE et de la gendarmerie
Claude Bébéar, patron de l’assurance AXA, et président du club « Entreprise et cité ».
Antoine Bernheim, grand patron français
François David, président de la Coface
Liens politiques avec les libéraux : Gérard Longuet
(son beau-frère), Alain Madelin ou François Léotard
Jean-François Charrier, ancien colonel, membre des réseaux africains de la Mairie de Paris
Jean Heinrich, ancien patron de la Direction générale des renseignements militaires

 

Bolloré : l'arbre qui gâche la forêt


La participation à la surexploitation des forêts


Aux confins du Cameroun, de la République centrafricaine, du Congo-Brazzaville et du Gabon, subsiste la forêt guinéo-congolaise,
l’une des forêts équatoriales les plus précieuses, un écosystème unique par sa biodiversité. Des communautés locales
(pygmées et bantoues) en vivent. La région doit être protégée d’une exploitation non discriminée.

Bolloré, en rachetant le groupe Rivaud, a acquis notamment deux grandes sociétés forestières au Cameroun : la Sibaf à la frontière
du Congo-Brazzaville (dont le site pittoresque a l’immense privilège de recevoir l’ancien président français Valéry Giscard d’Estaing,
pour ses parties de chasse en forêt), et la Société HFC/Forestière de Campo, dans la province de l’Océan, à la frontière
de la Guinée Equatoriale.

Au Cameroun, l’exploitation de la forêt est désas-treuse : la forêt littorale est quasiment épuisée, les routes fractionnent
la forêt primaire, aucune essence
 [12] coupée n’est replantée et l’exploitation vers l’est du Cameroun s’effectue
maintenant à plus de 1 000 kilomètres de la côte. Si cette tendance ne s’inverse pas, toute la forêt primaire aura disparu
dans une échéance de 5 à 10 ans.
Ceci pousse les exploitants forestiers vers le Congo-Brazzaville et le Centrafrique.

Prenons l’exemple de la société HFC/Forestière de Campo. Elle exerce ses activités dans une réserve de 237 000 hectares.
Elle en a déjà exploité 137 000. Le groupe Bolloré y possède :

      * deux scieries dont une spécialisée dans les traverses de chemin de fer,

      * le port de Campo, un port privé où viennent charger les bateaux de Delmas (filiale de Bolloré),

      * sur le fleuve Ntem, frontière entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale, se trouve l’île de Dipikar, classée au Patrimoine
mondial par l’UNESCO, ce qui n’a pas empêché le groupe Bolloré d’opérer des coupes de bois jusqu’à ce que les pressions
de la Banque mondiale (en particulier sur le gouvernement camerounais) fassent cesser ces activités.

La présence du groupe Bolloré au sein de la Forestière de Campo, et ses méthodes de gestion, posent des problèmes
d’ordre écologique, social et culturel.

Au niveau écologique, l’écosystème est loin d’être préservé.
Il s’agit d’une exploitation intensive de quelques essences recherchées sur le marché international.
Les conséquences des coupes de bois sur le renouvellement de la faune et de la flore sont désastreuses.

Au niveau social, on constate que l’exploitation des forêts oblige à des déplacements de populations.
Leur sécurité alimentaire est compromise par la coupe d’essences comme le moabi (Bailonnella  toxisperma)
dont les fruits fournissent la seule huile alimentaire disponible en forêt. Ajouté au braconnage à grande échelle 
[13] qui compro- met la chasse vivrière, ce type d’exploitation forestière
(qui supprime les plantations vivrières traditionnelles) pousse les populations locales à
une dépendance envers les aliments importés (riz, poulet…).

Des essences utiles à la pharmacopée (comme l’Iroko, Chlorophora excelsa) sont surexploitées.
Enfin le développement de la prostitution, de maladies comme le sida, l’introduction de l’alcool distillé,
sont des conséquences indirectes de l’activité forestière telle qu’elle est pratiquée.

Des accords ont été passés avec les villages riverains de la Forestière. Ils n’ont jamais été respectés,
notamment à cause des passe-droits obtenus d’un gouvernement et d’une administration particulièrement corrompus.
Ainsi « l’attribution récente de nombreuses concessions et de ventes de coupe a été faite en violation de la réglementation
et en contradiction avec les projets financés par les bailleurs de fonds. La concession accordée à la HFC/Forestière
de Campo, filiale du groupe Bolloré dans la réserve de Campo, gérée par le Fonds pour l’environnement mondial (GEF)
et l’aide bilatérale néerlandaise, en est un exemple »
 [14].

La société HFC/Forestière de Campo refuse aux villageois l’accès aux dépôts de déchets de bois.
Il n’y a aucune politique de valorisation des déchets : ceux-ci brûlent en permanence avec dans
le même tas les bidons en plastique de pesticides utilisés pour le traitement du bois.

      Enfin on note l’existence de conflits entre populations et exploitants, car certaines essences commercialisées ont
une valeur culturelle : comme le Bubinga (Guibourtia demensis), arbre qui attire les abeilles (important pour la récolte de miel)
et au pied duquel les villageois viennent régler leurs conflits. Malheureusement pour les villageois, ce bois a aussi
une très grande valeur commerciale.

L’absence de gestion rationnelle et respectueuse de l’environnement, de la Forestière de Campo
par le groupe Bolloré a donc des conséquences dramatiques sur les forêts (la faune et la flore), mais également sur la population.
Des infractions ont d’ailleurs été relevées récemment sur la société Sibaf (la seconde société forestière au Cameroun
appartenant au groupe de Bolloré). Le groupe Bolloré a été condamné à une amende de 60 000 FF.

Mode d'emploi de la campagne

Pour participer à cette campagne, il suffit de signer et faire signer par d'autres les lettres destinées à Jacques Chirac, Marylise Lebranchu et Dominique Voynet.

Attention : la lettre adressée à Jacques Chirac est en franchise postale.

N’oubliez pas d’envoyer à Survie vos coupons de participation à la campagne.

Pour approfondir les questions abordées, vous pouvez vous référer au Dossier noir n° 14, Le silence de la forêt. Réseaux, mafias et filière bois au Cameroun.

Et au Dossier noir n°15, préparé par Pierre Caminade, Bolloré : Monopoles services compris. Tentacules africains.



[1]. Groupe encore récemment appelé Bolloré Technologies.

[2. Rappelons que la banque Rivaud (« banque du RPR ») a été mise en examen en 1997 par le juge Ribault en tant que personne morale. Le Parquet de Paris a fait appel
de cette mise en examen et obtenu l’annulation de la procédure. Les documents les plus accablants (dont une note manuscrite décrivant le circuit de blanchiment) ont été rendus
à la banque qui a obtenu un non-lieu en juin 1999.

[3]. Mais Vincent Bolloré n’est pas en reste à gauche : l’amitié de la famille Bolloré avec la famille Mitterrand remonte aux années 1960. Il est présenté à Lionel Jospin en 1996
et connaît bien Dominique Strauss-Kahn et Charles Josselin.

[4]. Entretien de Vincent Bolloré publié dans Jeune Afrique Economie, 20/10/1997.

[5. Le groupe Bolloré, grâce à sa filiale Saga et son président Pierre Aïm, grand ami entre autres du président tchadien Idriss Déby, proposait en 1996 aux compagnies pétrolières
et aux autorités africaines des « package deals » comprenant non seulement le transport, mais aussi les opérations de sécurité le long du futur pipeline Tchad-Cameroun
(La Lettre du Continent, 25/07/1996).

[6]. Concernant le port de Douala, Bolloré a repris la concession du terminal à conteneurs grâce à la Socfinco de ses amis Fabri.

[7]. La période Sassou I correspond à son premier passage au pouvoir.

[8]. Campagne de Survie « Mercenaires : Halte-là ! ».

[9]. Chiffre donné par les évêques du Congo-Brazzaville dans un communiqué du 21/09/99.

[10. Cf. François-Xavier Verschave, Noir silence, Les Arènes, p. 26-32.

[11].Vincent Bolloré est ravi : « Pierre Aïm est comme un pêcheur : il ramène dans son filet quelques vieux poissons qui ne servent à rien et, tout d’un coup,
il vous sort un rouget de roche formidable.
[...] Il nous est très utile. Il joue le rôle de conseil, d’apporteur d’affaires » (interview à Jeune Afrique, 16/02/1999).

[12]. Une essence d’arbre est une espèce spécifique d’arbre.

[13]. Forte présence des braconniers qui s’attaquent à différentes espèces : éléphants, panthères, buffles, antilopes, primates, perroquets.

[14]. Lettre des Amis de la Terre (05/03/1999) aux ministres de l’Environnement et de la Coopération à propos du sommet de Yaoundé sur les forêts d’Afrique équatoriale
co-signée par 13 associations françaises.


 

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