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Ouvrages de référence

 

La Françafrique. Le plus long scandale de la République, Stock, 1998, 380 p.

L’histoire de quarante ans de dérives de la politique africaine de la France.

   

 

Le procès de Charles Pasqua à l'encontre de François-Xavier Verschave

La Françafrique, paru en 1998, est un brûlot de 400 pages qui visait à dévoiler les trafics, les corruptions et les jeux d'influences entre la France et son ancien empire colonial qui se sont établis ont au cours des années 50 grâce au travail de Foccart, le conseiller spécial de De Gaulle au sujet des relations néo-coloniales. Ce sont ces réseaux que l'ouvrage de Verschave souhaite mettre sous le regard de l'opinion publique afin de briser le silence dont les médias français sont complices.


François-Xavier Verschave décrit la Françafrique comme "une nébuleuse d'acteurs économiques, politiques et militaires, en France en Afrique, organisée en réseaux et lobbies et polarisés sur l'accaparement de deux ressources : les matières premières et l'aide public au développement. La logique de cette ponction et d'interdire l'initiative hors du cercle des initiés. Le système se recycle dans la criminalisation. Il est naturellement hostile à la démocratie. Le terme évoque aussi la confusion, une familiarité domestique louchant vers la primauté. " (1)


L'ouvrage a eu une portée considérable car il offrait à tous les adversaires de la Françafrique une somme considérable d'informations et d'arguments. À son sujet François-Xavier Verschave a écrit "le livre La Françafrique, le plus long scandale de la République a dérangé au-delà des apparences. Certes, il a eu droit au silence de cette partie majoritaire des médias qui, par compromission, laissent se prolonger le scandale. Mais le bouche à oreille a fonctionné. En France, l'ouvrage réimprimé cinq fois a été vendues à plus de 15 000 exemplaires ; il a conforté la minorité de responsables, politiques ou autres, décidés à combattre ce scandale ; il a déclenché l'ire de Charles Pasqua et donc subi, au printemps 99, l'épreuve d'un procès.(2)


À l'occasion de la parution François-Xavier Verschave a été poursuivi pour diffamation par Charles Pasqua qui avait saisi la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris pour "diffamation publique envers un membre du gouvernement, en tant que ministre de l'intérieur " (3). Il réclamait 5 MF de dommages intérêts à Verschave ainsi qu'à son éditeur.


Charles Pasqua est accusé dans l'ouvrage d'avoir pris part à l'échange du terroriste Carlos, établi à Khartoum, aux policiers de la D.S.T le 17 août 1994 par le régime islamiste du Soudan en échange d'un appui aux opérations de nettoyage ethnique du régime soudanais. Verschave assure selon un témoin que quinze jours avant l'arrestation de Carlos et peu après, l'éminence grise du régime islamiste de Khartoum, Hassan Tourabi, soit venu voir Pasqua à Paris. Ce dernier lui aurait assuré que le régime de Soudan ne serait pas expulsé du FMI. Verschave l'accusait également de "mener à l'aide de ces réseaux personnels, sa propre politique africaine et arabe ".


Lors du procès Pasqua a reçu l'aide de l'ancien directeur de la DST, Porant, qui a témoigné que les discussions n'ont jamais abordé la question du nettoyage ethnique. Edmond Alphandéry, un ancien ministre de l'économie a témoigné en sa faveur tandis que Michel Roussin, ancien ministre de la coopération a assuré que M. Pasqua "n'était en aucune manière partie prenante à la politique étrangère de la France ".


Au terme du procès François-Xavier Verschave a été condamné à verser 1 franc de dommages et intérêts à Charles Pasqua. " Le tribunal nous a donné raison sur toute la ligne, sauf un point : il m'a reproché un défaut de prudence dans l'expression, lorsque j'ai attribué au seul Charles Pasqua la responsabilité du soutien français au régime soudanais responsable de 2 millions de morts, alors que cette responsabilité était en fait celle de l'ensemble de l'exécutif français (4). Le fait que toutes les autres personnes incriminées dans l'ouvrage se soient abstenues de contester en justice ce qui leur était reproché est pour François-Xavier Verschave la preuve de la validité de ses propos.



(1) La Françafrique, p.175.

(2) Noir Silence, p.9.

(3) Le Monde, "L'auteur de la " Françafrique " poursuivi en diffamation à la demande de M. Pasqua", 3/03/99.

(4) L'Humanité, Jean Chatain, 28/12/00

 

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